Arnajon

L'histoire d'un Château de provence

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Le château d’Arnajon se trouve à une vingtaine de kilomètres au nord d’Aix-en-Provence, à l’ouest de la petite ville du Puy Sainte Réparade. Deux familles ont été propriétaires du château d’Arnajon depuis la construction de la bastide : la famille Le Blanc de Castillon et la famille Pascal – de Solliers. Les travaux de l’historienne Louise Leates offrent une bonne visibilité de l’évolution du domaine depuis 1555.

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Histoire & tradition

La constitution du domaine : l’ère Hugoleny

Le notaire aixois Abel Hugoleny poursuit l’œuvre de son beau-père Ferréol Maty et acquiert peu à peu des terres et des bâtis regroupés au XVIè siècle sur l’emplacement actuel de la bastide, de la ferme et du potager pour constituer un domaine agricole conséquent que l’on découvre en lisant les nombreux actes de mégérie passés avec ses fermiers, ainsi que les prixfaits actés avec des maçons et gipiers pour des travaux de réparation ou d’embellissement. L’histoire d’Arnajon commence ainsi et ce qu’on appelle maintenant un château aurait ressemblé à ses débuts à un petit hameau constitué de bastides contigües, jas, vergers, terres, vignes et petits jardins potagers.

La construction de

La bastide et les jardins actuels

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En 1660, Louise d’Hugoleny, arrière-petite-fille d’Abel, épouse Jacques Blanc.

Celui-ci, marchand, issu d’une famille de marchands aixois, entre rapidement à la cour des Comptes d’Aix comme auditeur et archivaire puis achète la charge de trésorier général de France en 1673 et la seigneurie de Valfère, au sud-ouest d’Arnajon, en 1674. Son intention est claire – et typique de son temps – celle de parvenir à la noblesse. Il reste identifié sous le nom de Jacques Blanc de Boisvert ou de Castillon.

Arnajon devient alors son projet majeur. C’est à partir de 1662 que l’on suit une série logique de travaux et l’élargissement du domaine par achats de terres, vignes et vergers, ainsi que la construction de ce qu’on appelle la « maison neuve » qui domine encore aujourd’hui le jardin en terrasses sur l’axe ouest-est. Cet axe est privilégié par Jacques Blanc pour créer une série de terrasses, bassins et jardin fruitier descendant jusqu’au grand chemin menant d’Aix à Cadenet.

La grande bastide

Véritable château des Bouches-du-Rhône

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La construction de la grande bastide commence en 1666 sur l’emplacement des anciennes bastides mitoyennes. Dans les documents de 1667, on trouve une quittance de travaux passés avec les maçons aixois Peyton et Ferran faisant état de la réalisation du « rustique » de la façade selon le modèle de la bastide du sieur de Saint-Maurin à Rians (Var), des documents faisant état de fenêtres à meneaux, typiques pour l’époque, de la démolition des bâtiments vieux. En 1669, la bâtisse semble terminée.

Un jardin
de Provence

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Le parc est repéré de longue date comme un des exemples remarquables de jardin bastidaire provençal.

D’axe ouest-est, il superpose ses terrasses régulières bordées de balustres en pierre de Rognes avec le Lubéron en toile de fond. L’eau joue un rôle majeur, animant les fontaines, courant sur les terrasses, emplissant deux grands bassins. L’architecture de la bastide se reflète dans le bassin du haut.

Le concept de la perspective des jardins de Meudon et de Maisons Lafitte est repris par Jacques Blanc : le boulingrin, grand espace entre les deux bassins, est aménagé en verger, entouré d’allées d’arbres de chaque côté. Il emploie Guilhem et Jean Cartoux, père et fils, maîtres maçons et gipiers d’Aix, pour la construction du bassin du haut. Le pigeonnier Nord est identifié dès 1669. Une fontaine en gypse de Calissanne est commandée en 1674.

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Le pigeonnier nord

La grotte de fraîcheur

Le pigeonnier Nord offre la surprise d’abriter un étonnant nymphée, grotte de fraîcheur de plan octogonal, voûtée, entièrement décorée de nacres, concrétions, coquillages, sables colorés et charbons de bois pour mettre les motifs en évidence. Ses côtés sont creusés de niches qui abritaient des statues. De grandes cariatides, similaires à celles de Vaux le Vicomte, marquent les angles et arrosaient autrefois le visiteur de leurs jeux d’eaux. Il n’y aucune trace jusqu’à présent du travail d’ornementation de la grotte d’Arnajon, ni de l’adduction d’eau. Les travaux ont vraisemblablement été réalisés dans les années 1680.

Attestée en 1692, cette grotte est absolument exceptionnelle en Provence par son état de conservation. Elle peut être comparée à celles dont seule la structure subsiste à Albertas et à Buoux, mais les modèles de référence sont évidemment italiens (Grotte Doria à Gênes).

Ressourcez-vous

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l'évolution

Après les grands travaux

Jacques Blanc fait faillite en 1689. Louise d’Hugoleny entame les procédures nécessaires pour reprendre les biens qu’elle a apportés en dot. A partir de 1692, on a une bonne idée de l’état du domaine. Louise puis son fils Jean-Baptiste Prosper Le Blanc de Castillon vont achever les grands travaux lancés par Jacques : aplanissement du verger, développement du potager et des jardins du parc, …

Le bâti, le parc et ses jardins vont très peu évoluer au cours du XVIIIè siècle. Les actes retrouvés du début du siècle parlent d’une « maison de campagne » et non plus de bastide. En 1732 le domaine est érigé en arrière-fief : la maison de campagne s’appelle alors « château ».

Le premier plan cadastral établi sur la commune du Puy date de 1813. Le château porte encore le nom de Castillon. L’ancien chemin d’accès au hameau de l’ère Hugoleny est bien visible, en direction du quartier d’Arnajon situé à l’ouest du domaine. Prosper Le Blanc de Castillon construit l’extension de la ferme actuelle en 1818.

Les solliers

La deuxième famille propriétaire

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Au décès de Prosper Le Blanc de Castillon en 1828, les conditions de sa succession ne permettent pas de maintenir le domaine dans la famille, ses 4 enfants ont alors moins de 6 ans. Arnajon fait l’objet d’une adjudication remportée en 1833 par Pierre François de Solliers, avocat, avoué à la ville de Marseille. C’est le seul changement de propriétaire par vente dans son histoire.

L’apport principal de la famille de Solliers sur les différents bâtis va avoir lieu au XIXè siècle :

  • Sous la forme de fabriques et petits bâtiments à usage agricole construits à l’ouest du château, à proximité de la ferme : lavoir, cochonnier, poulailler, clapier, orangerie, un arboretum aujourd’hui presque totalement disparu puis à la fin du siècle la maison dite du canal, le jardin d’hiver ainsi que le remaniement du pavillon dans la cour d’honneur.
  • Vers 1890, l’ajout d’une chapelle attenante au château sur sa façade ouest qui conserve encore sa décoration Art Nouveau.

Transmission

La famille Pascal, propriétaire actuelle

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Marie Marguerite de Solliers épouse Albert Joseph Pascal en 1898. Quelques années plus tard, au décès de sa tante, elle hérite d’Arnajon.

Habitant à Aix en Provence, elle perpétue la tradition des bastides aixoises et vient y résider tous les étés.

C’est à partir de 1957 qu’Arnajon va être occupé en continu par la famille. Georges Pascal fait réaliser des travaux d’aménagement pour permettre cette présence annuelle : notamment un chauffage au gaz dans toutes les pièces et le transfert de la cuisine qui avait toujours été installée au sous-sol vers un bâtiment existant contigu sur la façade nord du château. Depuis 1989, son fils Albert y réside avec son épouse.

Deux donations successives en 2001 et 2018 ont permis le transfert du domaine vers ses six enfants.

Le parc, les jardins et les bâtis sont classés Monuments Historiques depuis 2011.